/reboot/media/2bb1e8de-a271-11eb-a43d-0242ac130004/31be03a0-8ef5-11f0-97fb-1a3d8e5696a4/1-1-man-driving-vehicle-with-gps-system-turned-on-karzusymfra.jpg)
Vers un transport médical plus vert : quelle responsabilité écologique pour les taxis VSL ?
Une contradiction insoutenable
Il y a quelque chose de dérangeant dans cette équation : on soigne les corps, mais on abîme la planète. Chaque jour, des centaines de taxis VSL sillonnent les routes françaises pour conduire les patients à leurs soins. Un service vital, personne ne le conteste. Mais derrière l'utilité sociale se cache une évidence trop souvent balayée : l'empreinte carbone de ce ballet incessant. Et l'écart est criant entre les discours de durabilité qu'on nous sert à toutes les sauces et la réalité mécanique de moteurs thermiques qui crachent leur dose quotidienne de CO₂.
L'illusion du “service indispensable”
On objectera que ces trajets sont non négociables : comment reprocher à une personne atteinte d'un cancer d'avoir recours à un transport médicalisé ? Mais l'argument, à force, devient une excuse commode. Oui, le service est vital. Non, cela ne justifie pas l'aveuglement écologique. Car un secteur peut être indispensable et profondément perfectible. On le voit ailleurs : les hôpitaux eux‑mêmes commencent à repenser leurs déchets, leurs énergies. Pourquoi le transport médical devrait‑il rester figé dans l'ancien monde ?
Le mirage du véhicule électrique
On brandit souvent la solution miracle : passer au véhicule électrique. Beau slogan, mais réalité plus complexe. Coût exorbitant pour les petites sociétés, autonomie limitée pour les longues distances, manque cruel de bornes de recharge dans les zones rurales. Pourtant, c'est bien la direction à prendre, ne serait‑ce que progressivement. Les patients eux‑mêmes sont souvent demandeurs : qui, en 2025, peut trouver normal d'aller à sa séance de dialyse dans une voiture qui pue le diesel ?
L'autre levier : l'optimisation
Si l'électrique peine à s'imposer, il reste un levier sous‑exploité : l'organisation des trajets. Des tournées mieux pensées, des regroupements intelligents de patients, des logiciels capables de réduire les kilomètres avalés inutilement. Aujourd'hui, trop de véhicules roulent à vide, trop de trajets se répètent pour rien. L'écologie, ce n'est pas seulement changer de carburant, c'est aussi questionner la logique même de nos déplacements.
Vers une exigence citoyenne
Le problème, c'est qu'aucune pression réelle n'existe. La CPAM rembourse, les patients montent, les taxis roulent. Tout le monde ferme les yeux, car l'urgence de la santé semble écraser toute autre considération. Mais à long terme, cette hypocrisie est intenable. On ne peut pas prôner la transition énergétique et continuer à financer massivement un transport qui n'a pas encore pris le virage du propre. Les citoyens, les patients, les familles devront sans doute hausser la voix pour réclamer un changement.
Le soin et la planète : une seule bataille
Car au fond, il n'y a pas deux combats distincts – celui de la santé et celui de la planète. Il y a une seule bataille : celle du vivant. Soigner un patient tout en détruisant l'environnement qui le fait respirer n'a aucun sens. Le transport médical doit devenir une vitrine de la durabilité, un exemple d'adaptation, pas une caricature de retard. Le jour où l'on pourra dire qu'aller à l'hôpital n'abîme plus la Terre, alors, peut‑être, nous aurons cessé d'opposer soin et écologie.